Bêcher son jardin : une mauvaise pratique ?

Si vous le demandez aux anciens, pour préparer un terrain, il faut absolument au préalable le charruer ou le retourner. Une pratique toutefois de plus en plus décriée. Pourquoi  ? Faut-il bêcher ou non son jardin ? Quelles alternatives au bêchage ?

Le bêchage, une pratique séculaire

Vous voulez créer une plate-bande, un parterre ou un coin de potager ? La plupart des jardiniers vous le diront, la première chose à faire, c’est de retourner la terre. D’ailleurs, cela fait des siècles que paysans et jardiniers le font.

L’intérêt d’une telle pratique est évident puisque le fait de retourner la terre permet de placer la couverture végétale indésirable sous terre. L’absence de lumière et le fait que les racines soient éventuellement hors sol provoquent la mort de ces mêmes végétaux.
De fait, l’espace que l’on cherche à travailler est rapidement mis à nu et décompacté. Il est « propre « . Il ne reste plus qu’à émietter les plus grosses mottes avec un râteau, à niveler le tout et à commencer à disposer les plantations que l’on désire. On rajoute un paillage minéral ou végétal et le tour est joué.

Bêcher est donc une pratique à la portée de tous, y compris de celles et ceux qui jardinent pour la première fois.


Le sol, une structure vivante

Jardiner, c’est également respecter son sol et la vie qui s’y cache. En effet, les différents végétaux morts qui chutent comme des feuilles ou des branchages sont attaqués par la faune épigée qui vit sous la strate herbacée, c’est-à-dire en surface. Cette dégradation se traduit par la formation d’excréments par ces organismes vivants parfois microscopiques (collemboles, acariens, etc).

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Ces excréments et autres produits résultant de la dégradation par les espèces épigées contiennent de la lignine. Celle-ci va être attaquée par les seuls organismes au monde pouvant la dégrader, les champignons. On obtient alors de l’humus.

Celui-ci est ensuite incorporé au sol au niveau des racines grâce aux va-et-vient incessants des vers de terre, permettant ainsi à l’argile et à l’humus de se mêler pour former la terre végétale. Au printemps, on peut d’ailleurs facilement le constater au jardin car les lombrics laissent à la surface des turricules. Ceux-ci sont en outre un puissant engrais pour les végétaux.

En quoi bêcher nuit à la richesse d’un sol ?

En retournant systématiquement un sol, on enfouit la matière végétale. Or, la dégradation de celle-ci se fait uniquement en surface, grâce aux espèces épigées. Sous terre, elle n’est alors plus dégradée, ce qui explique que d’une année sur l’autre, il n’est pas rare de retrouver des feuilles ou des branchages enfouis. Et pour cause, puisque tous les champignons au monde sans exception sont aérobiques, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’oxygène, un élément que l’on ne trouve plus à quelques centimètres sous terre.

Le meilleur exemple est celui du poteau en bois que l’on plante dans le sol. Au bout de quelques années, celui-ci casse systématiquement, car sur les tous premiers centimètres dans le sol, il est littéralement rongé. La pointe qui se trouve quant à elle bien plus profonde dans la terre, est en revanche intacte ou presque.


Quelles alternatives au bêchage ?

Le bêchage est une pratique séculaire relativement physique et qui, de surcroît, déstabilise ou déstructure les sols. Il existe pourtant des bonnes pratiques simples à mettre en place et qui offrent des résultats largement plus respectueux des sols.

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Toujours couvrir son sol

L’un des fondamentaux du jardinier, c’est de garder en mémoire que la nature a horreur du vide. Si vous laissez votre sol à nu, vous serez rapidement contraint de désherber.
En revanche en recouvrant vos parterres d’une toile de paillage biodégradable ou synthétique, ou en utilisant toutes sortes de paillis (tonte de gazon, feuilles mortes, branchages réduits en morceaux, etc), vous limitez le développement des adventices. Vous constituez également un réservoir de nourriture pour la faune épigée et les vers de terre qui vont naturellement enrichir, aérer et alléger votre sol à votre place.

Carton et autres astuces de couverture du sol

Si votre zone de plantation est recouverte d’une végétation dont vous désirez vous débarrasser, vous pouvez simplement la recouvrir en utilisant une bâche ou même des cartons sans colle ni impression. Constitués de lignine, ces derniers se dégraderont naturellement.
En quelques semaines ou mois selon la saison, votre sol est « propre ».

La grelinette

En plus de couvrir le sol, vous pouvez utiliser une grelinette. Cet outil de jardin à deux manches qui ressemble à une fourche bêche avec davantage de dents plus fines, permet d’alléger et d’aérer le sol sans le retourner. Outre le fait que cela demande moins d’effort, vous ne déstabilisez pas votre sol et préservez la faune épigée.

Soulignons tout de même que le coût d’un vrai bioculteur est relativement élevé. Vous pouvez donc tout à fait utiliser une fourche bêche pour réaliser la même opération. Cela vous prendra simplement un peu plus de temps.

Article mis à jour le 12 juillet 2021